Kilomètre zéro est le premier roman de Maud Ankaoua, d’abord paru en autoédition puis aux éditions Eyrolles. Le roman a pour ambition de dépasser le stade du livre et d’offrir à ses lecteurs un voyage initiatique. Dans ce résumé de kilomètre zéro, je vous explique pourquoi je pense que la mission est à moitié un succès.
Résumé de Kilomètre zéro
Maëlle, une Parisienne absorbée par son travail, voit sa vie basculer lorsqu’elle apprend que sa meilleure amie, Romane, lutte contre un cancer du sein et subit une chimiothérapie. Dévastée par cette nouvelle, Maëlle se retrouve embarquée dans une quête improbable : Romane lui demande de partir au Népal pour récupérer un ancien manuscrit gardé par un chercheur nommé Jason, contenant des enseignements ancestraux sur la guérison.
D’abord réticente, Maëlle finit par accepter pour ne pas abandonner son amie. Une fois au Népal, elle est confrontée à des conditions de vie rudimentaires qui contrastent violemment avec son quotidien parisien. Jason étant introuvable, elle se joint à un guide, Shanti, et d’autres compagnons pour un périple à travers des montagnes et des villages reculés. Ce voyage est ponctué de défis physiques et spirituels qui poussent Maëlle à confronter ses peurs et à remettre en question sa vision du monde.
Lors d’une traversée sur un pont de fortune, Maëlle découvre l’importance de la dualité entre le « petit soi » – cet enfant intérieur en quête d’attention – et l' »adulte » capable de rassurer et de faire face à l’adversité. Les enseignements philosophiques et spirituels se multiplient tout au long de son voyage, mêlant méditation, introspection et synchronicités troublantes. De fausses pistes en révélations surnaturelles, Maëlle semble évoluer vers une compréhension plus profonde de l’unité humaine et de son propre cheminement.
Un roman en deux parties
Toute la seconde partie du livre est un enchaînement de faux doutes (qui dans sa situation ferait ce genre de choix ?) et d’expériences toutes plus surnaturelles les unes que les autres. La concentration face au soleil, la vision du chemin et du panneau, l’intuition sur la route à prendre devant un carrefour a 4 branches ou encore une femme qui reconnaît Maëlle parce qu’elle l’a vu en rêve.
Elle rencontre un vieil homme qui lui donne encore de nouveaux enseignements, ici centrés sur le fait que l’humanité ne fait qu’un. Il y a ensuite le chemin du retour, la séparation d’avec Matteo (ils formaient un couple depuis peu) et ses amis qui approche puis la découverte sur le téléphone de l’attrait de messages entre lui et une Laura, ainsi que d’autres avec Romane laissant présager d’une rencontre arrangée et manipulée. Hors d’elle, elle détruit le téléphone et ils se séparent ainsi. Maëlle reprend finalement l’avion.
On apprend à la fin que la femme qui contacte Matteo est sa sœur, dont il est très proche. Romane à tout inventé (le manuscrit est vide) pour permettre à son avis de suivre cet enseignement spirituel qui l’aide, elle, à affronter sa maladie.
Critique de Kilomètre zéro
Le roman Kilomètre zéro propose une réflexion sur la quête de sens et le dépassement de soi, mêlant développement personnel et spiritualité. Si certains enseignements distillés au fil de l’histoire sont intéressants, l’ensemble peine parfois à convaincre par manque de subtilité ou par l’accumulation de clichés. Vous avez pu avoir le résumé de l’histoire de kilomètre zéro, passons aux idées qui sont véhiculées dans le roman.
Parmi les points positifs, le livre offre des métaphores simples, mais efficaces, comme celle des cailloux dans un pot, représentant la gestion des priorités : les gros cailloux symbolisent les aspects essentiels de la vie, tandis que le sable illustre les détails superflus. De même, des idées comme « on attire ce que l’on pense » ou « chaque erreur est une opportunité d’apprentissage » sont des rappels utiles pour qui cherche à mieux gérer ses peurs ou à adopter un état d’esprit positif.
De riches enseignements pour tous
Voilà d’autres enseignements qui devraient être appliqués par l’ensemble des humains :
Pour savoir jusqu’où on peut aller, il faut commencer à marcher.
Autrement dit, lancez-vous, entreprenez, réalisez, dansez, écrivez, dessinez, construisez, vivez ! Faite ce que vous avez envie, et c’est ainsi que vous saurez jusqu’où vous pouvez aller.
Une erreur n’en est une que si elle est commise plusieurs fois.
La première, ce n’est qu’un moyen supplémentaire d’apprendre et d’évoluer. À vous de ne pas la reproduire. N’ayez pas peur de l’échec ou de faire un mauvais choix.
Avoir l’état d’esprit de ce que l’on veut atteindre ou obtenir. Être positif rend les occasions possibles. Tu attires ce que tu penses.
C’est votre état d’esprit qui conditionne pour beaucoup votre réussite. Il est tout à fait possible de s’auto-convaincre que l’on va échouer ou réussir quelque chose. Tout devient alors plus simple ou difficile.
Comprendre le pouvoir des mots.
Le simple fait de se répéter une chose lui faire devenir plus réelle (surtout à long terme). Dans la même veine que le point précédent. Certaines thérapies reposent dessus. Se répéter devant le miroir “je suis fort et j’y arriverai”. Sans aller jusque-là, faites attention à la manière dont vous vous adressez à vous-même. C’est la base de la confiance en soi.
Toujours montrer qu’on a raison peut aller à l’encontre de son propre bien être.
Cela demande un engagement émotionnel et cérébral qui peut nous nuire. Lutter pour prouver notre point de vue et très énergivore. Dans la quasi-totalité des cas, démontrer que l’on a raison n’avance à rien. L’autre ne changera pas son point de vue et cet effort est réduit à néant dès la fin de la conversation. Autant ne pas lutter et poursuivre sa route.
Pas que des bonnes idées
Cependant, certains messages, bien qu’inspirants, semblent parfois caricaturaux ou simplistes, notamment la critique de la société occidentale. Shanti décrit une civilisation dans laquelle tout, même l’amour, est réduit à une question d’argent et de possession. Si cette observation trouve écho dans certains milieux, elle frôle la caricature en occultant la diversité et la complexité des relations humaines.
Comme presque à chaque fois dans ce type de croyance / vision du monde, on fait appel à la science pour ensuite en faire une interprétation qui soutient sa propre théorie. Ici, comme souvent, c’est la physique quantique (un sujet bien mystérieux de nos jours) qui est utilisé. On parle d’intrication quantique (deux atomes sont liés à distance), de matière noire (principale composante de l’espace), qui sont des choses scientifiques étayées, pour ensuite en tirer la conclusion que nous sommes tous reliés par une énergie, par l’univers, et qu’il est intelligent au point d’agir volontairement sur nos vies. C’est personnellement un aspect de ces croyances qui me rebutent instantanément. Laissez la science de côté si c’est pour ensuite en tirer une croyance.
La vision de l’unité proposée dans la dernière partie – où trahisons et agressions ne seraient que des reflets de nos propres troubles – peut séduire par son ambition, mais finit par frustrer par son irréalisme. Elle paraît détachée de la réalité quotidienne, difficile à appliquer dans des contextes où la douleur et la trahison sont bien réelles. Ce discours, bien qu’intentionné, s’éloigne du pragmatisme nécessaire pour toucher un lectorat plus large.
Avis rapide sur kilomètre zéro de Maud Ankaoua
En résumé, Kilomètre zéro offre une aventure initiatique riche en paysages et en philosophie, mais manque parfois de nuances et de cohérence dans ses enseignements. Si le roman peut séduire les amateurs de récits spirituels, ceux qui cherchent des personnages et des enjeux plus ancrés dans la réalité risquent de rester sur leur faim.