La mythologie japonaise regorge de monstres. J’ai déjà parlé de Bakebi ou Aburaakago, voici maintenant Chikaramochi Yûrei, un fantôme de l’ère Enpô (1673-1681). Nous sommes à présent dans la vallée du mont Inoyama.
Ici vivait un fermier et son épouse si particulière. La femme possédait des seins assez longs pour allaiter son enfant qu’elle portait dans son dos, et ce, sans aucune difficulté.
Leur ferme était la plus prospère, notamment car la femme accomplissait autant de travail qu’un homme pouvait le faire, à une époque où aucune machine ne pouvait leur prêter main-forte. La femme mourut d’une maladie mystérieuse, et tout commença.
Son mari était effondré et 17 jours après la mort de sa femme, son fantôme apparut pour le tuer, soulevant une vague de peur terrible dans tout le village.
L’un des villageois, Sakuzô inspecta la tombe et remarqua un trou. Il déterra un arbre pour le combler et empêcher ainsi le fantôme de sortir à nouveau. L’arbre disparut dans le trou et Sakuzô dut le remblayer avec des pierres et de la terre.
Ivre de colère, le fantôme frappa sur les pierres jusqu’à rouvrir le passage. Il harcela alors Sakuzô, laissant les autres villageois en paix. Chaque nuit, le fantôme grattait, faisait tomber des objets et empêchait le pauvre Sakuzô de fermer l’œil.
Pendant un an, il emprunta la meilleure lame du village et le fantôme le laissa tranquille, mais il dut la rendre et le harcèlement reprit, cette fois, même la journée. Un jour, Sakuzô dut se rendre en haut de la montagne pour chercher du bois.
Lors de la descente, il sentit le fantôme le tirer en arrière. L’homme se retourna, attrapa Chikaramochi Yûrei et sauta dans le vide. Le choc lui brisa les côtes et il s’évanouit. Il reprit conscience plusieurs jours plus tard.
Désormais, Sakuzô et tout le village de la vallée d’Inoyama étaient en paix, le fantôme avait disparu et le trou de la tombe était rebouché pour toujours.